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LES ENJEUX DE LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE

Posté par admin le mars 31, 2020
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Le défi de la transition démographique et du vieillissement de la société française

En 2030, 20 millions de personnes seront âgées de plus de 60 ans – dont déjà 15 millions aujourd’hui. Et ce sont 4,8 millions de français qui auront passé les 85 ans, contre 1,4 million (seulement) à l’heure actuelle. L’évidence s’impose : cette transition démographie soulève de nouvelles problématiques et constitue un véritable défi sociétal et enjeu national pour la France.

Pour se rendre compte de l’ensemble de enjeux présents et futurs liés au vieillissement de la population, il est essentiel de rappeler qu’aujourd’hui 14 millions de seniors des plus de 65 ans, soit 94 % d’entre eux, vivent à leur domicile. Or, seulement 80 000 logements se révèlent adaptés à ces seniors en France ; ce qui met en lumière une pénurie dramatique de logements adaptés et accessibles pour les personnes âgées. Une des conséquences sont les 2 millions de chutes de seniors à leur domicile dénombrées chaque année, faisant de la chute la première d’accident. Les chutes à domicile sont ainsi à l’origine de 500 000 hospitalisations et de 12 000 décès de seniors chaque année.

Nous avons étudié les principaux enjeux soulevés par cette mutation démographique et rassemblé les pistes de réponses pouvant être apportées, en grande partie par la mobilisation des pouvoirs publics et l’engagement des entreprises de la Silver Economie. Adaptation et accessibilité du logement, isolement et perte du lien social, redynamisation du centre-ville et revalorisation des commerces de proximité sont autant de défi à relever !

L’adaptation et l’accessibilité du logement

Avec 14 millions de seniors retraités en France vivant à leur domicile, la majorité se retrouvent à vivre dans un logement inadapté à leurs besoins qui leur fait risquer chaque jour chutes et accidents. L’enjeu est d’anticiper le parcours immobilier des seniors vers un habitat adapté et accessible. La sensibilisation des concernés et de leurs aidants passe par une réflexion sur la nécessaire accessibilité et adaptation des logements, en faisant de l’habitat à domicile une priorité. Ce n’est pas aux seniors de devoir s’adapter à leur logement : c’est au logement de s’adapter à leurs besoins spécifiques actuels et futurs et d’accompagner l’évolution de leurs modes de vie.

Nous ne prêtons pas suffisamment attention, trop souvent, aux besoins spécifiques des seniors, particulièrement en matière d’habitat. Par conséquent, un bon nombre d’entre eux souffrent en silence de nombreux désagréments du quotidien, en particulier celui de vivre dans un lieu de vie inadapté à leurs besoins spécifiques et d’une limitation de leur liberté et de leur mobilité quotidienne chez eux et  dans la ville. Il est essentiel de prévoir et d’anticiper la retraite de chacun aussi d’un point de vue immobilier, de son habitat et de la qualité de vie à son domicile. L’anticipation des problèmes de perte d’autonomie et de mobilité spécifiques aux seniors doit devenir une priorité tant pour les seniors que pour les pouvoirs publics. Des politiques actives et urgentes doivent être mises en place pour  accentuer  l’offre, la disponibilité  et l’accès à des logements accessibles et adaptables permettant aux seniors de vivre heureux et en sécurité, dans un environnement intérieur et extérieur adaptés à leurs besoins.

L’isolement et la perte du lien social

Le passage à la retraite est un virage qui implique un changement de vie et des rythmes journaliers, qui peuvent conduire à un affaiblissement du réseau amical, une baisse des activités socio-culturelles, un effritement des relations familiales, voire l’apparition et/ou aggravation d’une pathologie. Les personnes âgées se retrouvent alors très seules, éloignées de leurs proches, et cette situation est souvent à l’origine d’un mal-être profond et de beaucoup de tristesse au quotidien. En France, près d’un quart des personnes de plus de 75 ans sont en situation d’isolement, et ce constat progresse plus dramatiquement dans les grandes agglomérations.

La majorité de ces seniors isolés exprime une difficulté grandissante à se faire des amis dans leur quartier, à organiser des moments conviviaux entre voisins ou tout simplement à rencontrer d’autres personnes et à discuter avec elles. Selon un rapport d’enquête produit par l’association des Petits Frères des Pauvres, ce sont 22 % des personnes âgées qui se retrouvent isolées du cercle familial, 28 % du cercle amical, 21 % du cercle de voisinage et 55 % des réseaux associatifs. De plus, environ 300 000 personnes âgées – soit 2 % des seniors en France – sont en état de « mort sociale », dans la mesure où elles sont isolées des quatre cercles de sociabilité (famille, amis, voisinage, réseaux associatifs).

L’enjeu de la lutte contre l’isolement social nécessite de renforcer l’écosystème relationnel, en activant le tissu social proche pour faciliter les rencontres, les interactions et la participation des personnes. L’engagement volontaire des citoyens, des personnes concernées elles-mêmes, des habitants, et des voisins est essentiel. Ainsi, une alliance entre les solidarités publiques et une société civile engagée doit permettre de renouer les liens de voisinage et de proximité, indispensables à la cohésion sociale. Il s’agît avant tout d’encourager la (re)création du lien social avec ces personnes fragilisées en explorant une nouvelle voie de sociabilité à travers le collaboratif solidaire.

Les centres-villes face à l’enjeu du vieillissement de la population française

Contrairement à une opinion fortement répandue, le vieillissement de la population ne concerne pas seulement les territoires ruraux et littoraux mais bien tous les territoires, ce qui en fait un enjeu national de cohésion des territoires entre eux.

En parallèle, la notion de « vieillir chez soi » constitue aujourd’hui une des priorités des politiques publiques. En effet, en même temps qu’elle correspond à un désir de plus en plus fort des personnes âgées, elle oblige à repenser autant les modes d’organisation des services à la personne que les solutions d’habitat senior, trop souvent oublié par les politiques actuelles. Autrement dit, « le bien vieillir chez soi » doit inclure aussi le logement et la diversité des espaces publics auxquels les seniors doivent pouvoir accéder facilement pour leur garantir une véritable autonomie et une plus grande liberté de mouvement chez eux mais aussi à l’extérieur dans le quartier. C’est tout l’enjeu que notre société doit relever pour pouvoir réellement profiter de l’allongement constaté de la vie et éviter les effets psychologiques et sociaux que peut parfois entraîner le processus de vieillissement avec un « maintien » à domicile, au sens restrictif.

La place des seniors dans les centres-villes constitue un formidable levier autant pour les politiques de santé publique que d’aménagement du territoire. L’inclusion de toutes les populations de la ville implique de considérer son centre comme une entité aux dimensions matérielles et sociales. Ainsi, les politiques relatives aux espaces urbains, relevées à partir des besoins spécifiques en particulier des seniors, mais également des personnes en situation de handicap, ou d’autres, doivent nous permettre de repenser la ville autour d’une mobilité axée sur les besoins essentiels de sécurisation, de confort,  d’accès aux services et de cadre de vie de qualité , meilleurs parce que accessibles et au service de tous.

Par la rédaction de SILVERSatHOME – 31 mars 2020

Lien vers le rapport « Adaptation de la société au vieillissement de la population française » de Luc Broussy :

https://www.silvereco.fr/rapport-broussy-sur-ladaptation-de-la-societe-au-vieillissement-de-la-population-france-annee-zero/315392

Lien vers l’étude de l’association des Petits Frères des Pauvres : https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/nos-actualites/etude-isolement-et-territoires-enseignements-et-preconisations-des-petits-freres-des-pauvres

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